Conférence Plénière du IIe congrès de la Société de Philosophie des Sciences sur le thème : "Sciences et décision", 12-14 novembre 2009, Paris, Ecole Normale Supérieure.
« Dans quelle mesure les valeurs subjectives, en tant qu’appartenant à l’être humain qui juge, sont-elles représentées dans les modèles mathématiques qui fondent les sciences de la décision ? »
Pour traiter de cette question, je débuterai par une présentation des fondements mathématiques des sciences de la décision, en soulignant comment l’observation de faits empiriques est représentée par des relations entre des nombres. Je m’attacherai à montrer comment cette structure formelle hérite des sciences de la nature et tente d’intégrer les valeurs subjectives en tant que propriétés des objets de choix. Je proposerai une critique de cette approche, motivée par ma perception que cette démarche épistémologique peut affaiblir les sciences de la décision et dévaloriser les valeurs subjectives. Je dessinerai les contours d’une approche qui sépare et articule la mesure des choses avec les valeurs des gens. En m’appuyant sur la métaphore de la balance biaisée, sur des résultats mathématiques récents et sur des applications concrètes dans le domaine de l’éthique de la décision économique et managériale, je tenterai de montrer qu’il est possible, désirable et utile de fonder une science de la décision qui donne toute leur place aux valeurs subjectives, tout en les articulant soigneusement et rigoureusement dans une démarche scientifiquement fondée.